L'amour, puis le désamour, avec un certain Hubert, se chargent de nourrir son répertoire.
Il la prie de lâcher son piano, elle le prie de revenir tandis qu'il ne cesse de la quitter. Dis, quand reviendras-tu ? est cette supplique à l'être ai mé. Le 5 novembre 1963, lors du soirée consacrée aux jeunes talents, Barbara dévoile Nantes. Comme une onde de choc dans la salle... Elle assume enfin de chanter ses propres compositions. Elle donne vie au disque qui fondera sa légende. Barbara chante Barbara. A mourir pour mourir, Pierre, Au bois de saint-Amand et, bien sùr, Nantes sont ici gravés. Elle a 34 ans quand, à Bobino, en première partie de Brassens, elle peut enfin mesurer le chemin parcouru. Un an plus tard, elle y paraît en vedette. Elle clôt son son spectacle avec Ma plus belle histoire d'amour. Elle s'avance vers le public, lui déclare son amour. Barbara suscite de folles passions : ses admirateurs dorment sur son paillasson, tapissent de pétales de roses le chemin qui sépare le théâtre du Chatelet de son hôtel tout proche. " La chanson est ma religion " , dit-elle. La fantasque a ses lubies, elle se dit nomade. Rien ne l'exalte davantage que la route - la nostalgie de ses exils d'enfance. En 1972 pourtant, elle ancre ses errances à Précy-sur-Marne, dans une grande maison de pierre, ouverte sur un jardin de curé. Elle y cultive l'art du silence, se réjouit des chants du clocher et de la nature. Et puis, il y a le mal de vivre : la violence du monde la heurte. Elle s'engage contre le sida et aux côtés des femmes incarcérées... Elle arpente les prisons et les hôpitaux. Dans le plus grand secret. " je veux mourir en colère ",tempête-t-elle. Barbara est aussi une blagueuse hors pair, tous ses amis vous le diront... Parce qu'elle craint de ne plus être à la hauteur de son exigeance, elle décide à l'aube de ses 64 ans, à Tours, en février 1994, de prendre congé de la scène. La nuit, qu'elle a toujours eu blanche, elle se met à écrire sa vie. Des mémoires interrompus le dimanche 23 novembre 1997 quand, le dîner terminé, Barbara est victime d'un malaise. Un choc toxi-infectieux. Le lendemain, elle aura rejoint l'ombre, cette ombre qu'elle a si jalousement ourlée au fils de son voyage de femme qui chante.