Barbara

Notre plus belle histoire d'amour...

Barbara et son piano

  Le 24 novembre, il y aura vingt ans qu'elle nous a quitté. Pourtant, Barbara chante encore... D'autres voix reprennent ses mots, des livres la racontent, un film lui redonne vie. Un parfum de poésie et d'éternité...

 

 

   Au commencement, la vie de Monique Serf était douce aux Batignolles, à Paris. Esther a rencontré Jacques, petit représentant de commerce. Mariage, naissance des enfants: Jean, entre une tante autrefois mannequin et une famille d'accueil à la cam pagne où il faut mériter son pain noir en travaillant à la ferme, En classe, elle se montre espiègle, elle chantonne, organise des spectacles. C'est qu'elle sera pianiste chantante, comme elle le répète ! A la maison, parce qu'on ne la croit pas, elle se construit un monde, dont elle seule a la clé. Mais une nuit, puis d'autres, son père s'approche trop près d'elle, dérobe son innocence. " Un jour, il y a longtemps, je suis morte...", dira-t-elle. La guerre s'achève, Monique rappelle à ses parents la promesse qu'ils lui ont faite autrefois: des cours de chant! Elle rève de "miousic-hall" dit-elle au maître de chant qui l'auditionne. Grâce à son mètre soixante douze, elle se retrouve à 18 ans à Mogador pour lever la gambette dans l'opérette Violettes impériales. Et un soir qu'elle est à l'ABC pour écouter Edith Piaf, elle comprend, bouleversée, ce que sera sa vie.Elle veut raconter des histoires simples, des romances. Elle sera "murmureuse", comme elle le  dit.

Barbara au micro

   Entre Paris et Bruxelles, c'est le temps des premiers cabarets et du ventre creux. Elle chante Mireille, Piaf et Ferré. 

 

Le  cabaret en vogue, La Fontaine des quatre saisons, tenu par les frères Pré ne l'embauche pas pour chanter, mais seulement pour faire la plonge. De son bac... elle aperçoit Francis Lemarque, Mouloudji, et Boris Vian sur les planches et Signoret, Montand et Piaf attablés. Elle attend son heure...

"L'Ecluse est la première maison que j'ai trouvée...C'est là que j'ai commencé à respirer" évoquera Barbara. C'est un petit public de soixante-dix personnes, bruyant et indomptable.  elle est si myope qu'elle ne les voit guère, mais certains soirs, elle entend leurs remarques : qu'elle est laide, qu'ils n'aiment pas sa voix. Peu à peu pourtant, elle les amadoue. On s'habitue à cette longue fille de noir vêtue, vissée à son piano, si droite face au mur. Elle porte les cheveux courts et semble montée sur ressorts, elle fait rouler ses grands yeux sombres, grimace étrangement. De sa voix claire, le phrasé coquin ou canaille, elle enrobe des petites fantaisies ou des histoires de filles des rues.  Elle écrit ses deux premières chansons sans avouer qu'elle en est l'auteur et se fait un petit nom au point de devenir la vedette de l'Ecluse.

Plusieurs années déjà que son père les a abandonnés, lorsque la mort le prend.

" Il pleut sur Nantes/Donne moi la main/le ciel de Nantes/ Rend mon coeur chagrin...? écrit-elleSa première chanson.

Barbara penche la tete

L'amour, puis le désamour, avec un certain Hubert, se chargent de nourrir son répertoire.

 

 

   Il la prie de lâcher son piano, elle le prie de revenir tandis qu'il ne cesse de la quitter. Dis, quand reviendras-tu ? est cette supplique à l'être ai mé. Le 5 novembre 1963, lors du soirée consacrée aux jeunes talents, Barbara dévoile Nantes. Comme une onde de choc dans la salle... Elle assume enfin de chanter ses propres compositions. Elle donne vie au disque qui fondera sa légende. Barbara chante Barbara. A mourir pour mourir, Pierre, Au bois de saint-Amand et, bien sùr, Nantes sont ici gravés. Elle a 34 ans quand, à Bobino, en première partie de Brassens, elle peut enfin mesurer le chemin parcouru. Un an plus tard, elle y paraît en vedette. Elle clôt son son spectacle avec Ma plus belle histoire d'amour. Elle s'avance vers le public, lui déclare son amour. Barbara suscite de folles passions : ses admirateurs dorment sur son paillasson, tapissent de pétales de roses le chemin qui sépare le théâtre du Chatelet de son hôtel tout proche. " La chanson est ma religion " , dit-elle. La fantasque a ses lubies, elle se dit nomade. Rien ne l'exalte davantage que la route - la nostalgie de ses exils d'enfance. En 1972 pourtant, elle ancre ses errances à Précy-sur-Marne, dans une grande maison de pierre, ouverte sur un jardin de curé. Elle y cultive l'art du silence, se réjouit des chants du clocher et de la nature. Et puis, il y a le mal de vivre : la violence du monde la heurte. Elle s'engage contre le sida et aux côtés des femmes incarcérées... Elle arpente les prisons et les hôpitaux. Dans le plus grand secret. " je veux mourir en colère ",tempête-t-elle. Barbara est aussi une blagueuse hors pair, tous ses amis vous le diront... Parce qu'elle craint de ne plus être à la hauteur de son exigeance, elle décide à l'aube de ses 64 ans, à Tours,  en février 1994, de prendre congé de la scène. La nuit, qu'elle a toujours eu blanche, elle se met à écrire sa vie. Des mémoires interrompus le dimanche 23 novembre 1997 quand, le dîner terminé, Barbara est victime d'un malaise. Un choc toxi-infectieux. Le lendemain, elle aura rejoint l'ombre, cette ombre qu'elle a si jalousement ourlée au fils de son voyage de femme qui chante.

Date de dernière mise à jour : 12/07/2022

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